Léo vu par Roman Strajnic

Avec la précision symptomatique du praticien, la puissance retenue des mains qui savent écouter la chair et la terre…

Avec l’art de remodeler frénétiquement l’image des plus belles musculatures animales et des plus tendres scènes et corps humains. On est face à un monde bipolaire, face à la puissance de ces bêtes qu’il dresse et dont il bande leurs muscles de trop.

Où les chouettes rigolotes se tordent turbulentes aux grands yeux ouverts.
Où les rhinocéros lourds de leur passé préhistorique écrasent les courbes du temps. Léo nous emmène dans son monde plein de souplesse et de précision. Un monde pour les amoureux des formes et des galbes. La volonté absolue de rendre à la perfection du monde son pendant imité… où il n’y a pas d’à peu près…

Et où le désir rôde parfois, et pas maladroit du tout, au dessus de ses quelques nus de bronze… Tout est ici composé avec minutie, avec la passion de l’homme seul devant le monde entier à conquérir à dominer.

Il faut être fou. Fou d’amour et de vie pour minutieusement reproduire les êtres du monde.

En s’avouant vaincu parfois par ces scènes pudiques où « la maternité », où la « paternité », font dévier la puissance de l’artiste dans une candeur insoupçonnée. Un rapport à l’harmonie du corps et de l’esprit…

Son idée à lui de la perfection, que bien prude il dévoile sans trembler.
Comme un don délicat. Comme une vision de l’enfance…

Roman Strajnic